La curiosité chez Peiresc : Bibliophile.
Jean-Jacques Bouchard, jeune et sulfureux personnage en relation avec tous les érudits de son époque, décrit avec le talent d’un journaliste ses visites chez Peiresc, et en particulier la bibliothèque :
Pour les livres, il a une bibliothèque accomplie, d’imprimés et de manuscrits, qu’il fait relier en maroquin rouge du Levant, avec quantités de dorures et tient à cet effet continuellement en sa maison deux ou trois bons relieurs. (…)
La bibliothèque envahissait le plancher, grimpait le long des murs, débordait dans le vestibule ; des colonnes de manuscrits (…) se dressaient dans toutes les pièces, parmi les statues de marbre et de bronze, les vases, les médailles, les pierres gravées, les portraits entassés pêle-mêle avec les animaux singuliers, les momies, les instruments de mathématiques. La police était faite par une armée de chats pour lesquels Peiresc professait une dilection particulière ; c’étaient les conservateurs de sa bibliothèque.
Cette description pourrait faire croire que Peiresc était bibliophile. Au sens moderne du mot : pas du tout ! Il cherche seulement à organiser sa documentation. D’une part des ouvrages rares traitant des sujets qui l’intéressent. Pour partager ce savoir, il les fait circuler parmi ses amis et parfois même en offre un exemplaire. D’autre part, il fait relier sa correspondance : chaque copie de lettre associée à la réponse. Ce qu’il nomme "ses fagots" et est actuellement le témoin de l’ampleur et de l’obstination de ses recherches ainsi que de son sens de l’échange.
Cette bibliothèque comporte de nombreux manuscrits latins et orientaux, dont plusieurs en arabe et en persan, car il est un pionnier de l’étude des langues orientales.
Lorsque son neveu met en vente cette bibliothèque, l’intérêt qu’elle suscite évite une grande dispersion. Mazarin se porte acquéreur des manuscrits orientaux que l’on trouve à présent à la Bibliothèque nationale. D’autres ouvrages se trouvent aux bibliothèques Méjanes à Aix et Inguimbertine à Carpentras. Ils sont reconnaissables à leur couverture en maroquin rouge ornée du monogramme de Peiresc.