Biographie rapide
Nicolas Claude nait le 1er décembre 1580 à Belgentier où ses parents se sont réfugiés pour cause de peste. Enfance et jeunesse se passent dans la tourmente des Guerres de religion. Avec son frère plus jeune de deux ans, Palamède de Valavez — sa mère est décédée à la naissance de ce dernier — il étudie successivement à Brignoles, Saint-Maximin, chez les jésuites d’Avignon, à Tournon, puis à Aix. Études universelles, très poussées dans le domaine scientifique, littéraire, juridique, ou cosmographique.
Il part en 1599 pour trois ans en Italie où il suit les cours de Galilée à Padoue, assiste, dans la délégation provençale, au mariage par procuration de Marie de Médicis avec Henri IV au Palais Pitti.
Il séjourne à Rome et à Naples avant de rentrer au pays. Juste le temps de passer son doctorat en droit, à Aix, en 1604 (son père lui offre alors la terre de Peyresq, dont il prend le nom) et le voilà reparti pour l’Angleterre puis les Flandres.
Il est reçu conseiller au Parlement d’Aix en 1607 où il côtoie Guillaume de Vair, conseiller d’État en Provence puis Président du Parlement. Pendant toutes ces années, il entretient une correspondance suivie avec de nombreux savants dans toute l’Europe. Il mène des travaux scientifiques très divers, notamment en astronomie : grâce à la lunette astronomique fournie par Galilée, il découvre la nébuleuse d’Orion en 1610, l’année de l’assassinat d’Henri IV. Il observe Mercure en plein jour, détecte la lumière cendrée de Vénus, dresse une carte de la Lune avec Gassendi (qui sera gravée en 1636), travaille à déterminer les longitudes par l’observation d’éclipses de Lune.
Il s’intéresse à tous les domaines : histoire, histoire naturelle, géologie, météorologie, archéologie (il travaille par exemple sur un manuscrit de Constantin Porphyrogénète, empereur byzantin du Xe siècle, qu’on lui envoie de Chypre), numismatique, etc.
En 1616, du Vair est nommé Garde des Sceaux à Paris et emmène Peiresc comme secrétaire ; il restera dans cette charge jusqu’en 1623. Louis XIII le récompense d’un service en lui octroyant l’abbaye de Guîtres en Guyenne — ce qui l’exempte d’assister aux délibérations et condamnations à la peine capitale lors des procès criminels.
Il revient à Aix à la fin de l’année 1623 comme conseiller au Parlement et travaille dès 1625 en collaboration avec le premier Président, le baron d’Oppède.
En 1629, la peste, qui attaque Aix en juillet (Marseille en février suivant) l’oblige à se réfugier à Belgentier, et la rébellion contre Richelieu qui gagne la Provence en 1630 et 1631 l’y maintient : souvent la « serrade » empêche toute communication.
Dès qu’il le peut, il rentre à Aix où il s’éteint le 24 juin 1637, à 57 ans. Juste avant sa mort, il a eu la satisfaction de voir la capitulation des Espagnols à Lérins (en mai). Il est inhumé à Aix dans l’église des Dominicains.
Voilà un portrait de lui par Gassendi : « De taille ordinaire, d’un tempérament maigre, sujet aux maladies (…). Le front grand, les yeux bleus et souvent trempés d’humeur) (…) Le nez un peu crochu, les joues colorées, les cheveux blonds, de même que la barbe qu’il était d’usage de porter longue. On voyait une douceur et une amabilité extrêmes, répandues sur son visage. Très frugal pour lui dans son manger, il était d’ordinaire splendide pour les autres. Personne ne donna jamais plus volontiers, ni plus généreusement, ni plus souvent (…). Il regardait le monde entier comme sa famille, et tous les sages comme des pères, des frères, des enfants avec lesquels il avait tout en commun. »
Le chevalier del Pozzo lui avait dit à Padoue en 1600 : » celui qui a des grâces dans l’adolescence, de l’érudition dans sa jeunesse, de la prudence dans la vieillesse, est dans le premier de ces trois âges, les délices de ses amis, dans le second, l’honneur de sa patrie, dans le troisième, la consolation de lui-même. Pour vous Fabry vous êtes les trois choses à la fois. »
« Petite biographie rapide », rédigée pour les Amis de Peiresc par Marie Christine Célérier